On commence à s’y faire, hein ? En 2023, t’étais en train de rigoler avec ChatGPT, bluffé par son niveau de conversation. Puis est arrivé Midjourney, et d’un coup tu faisais des affiches de cinéma en tapant deux lignes. Ensuite Sora est sorti, l’IA d’OpenAI qui génère des vidéos si réalistes qu’on s’est tous dit : « ok, là on a basculé dans un autre monde. » Mais non. Ça, c’était le monde d’hier.
Aujourd’hui, voici Veo 3, et autant te prévenir tout de suite : on vient de passer un nouveau cap. Pas juste une mise à jour. Pas juste une autre IA.
Non. Veo 3, c’est comme si tu donnes Hollywood à un ordi, avec en bonus un cerveau, une caméra, une équipe de tournage, des acteurs, du son, des effets spéciaux, et même un chef opérateur… sauf que t’as rien à faire à part écrire deux lignes.
Et le plus flippant ? C’est que c’est bon. Trop bon. Les personnages parlent, les plans bougent comme dans un vrai film, y’a des dialogues, de la musique, des sons d’ambiance… tout est généré, tout est cohérent, tout est vivant. L’IA ne simule plus un style. Elle invente une scène complète, comme si elle avait compris comment le monde fonctionne au niveau du son, de la lumière, du rythme narratif.
Bref, on pensait être prêts. Mais non. On n’a même pas eu le temps de digérer la dernière révolution qu’une nouvelle est déjà là. Et celle-là, elle fait un peu trembler.
Est-ce que c’est une vraie vidéo ?
Spoiler : on ne sait plus Il n’y a pas si longtemps, on reconnaissait assez facilement une image générée par IA : des doigts flingués, des textures bizarres, un flou bizarre autour des yeux.
Pour les vidéos, c’était encore pire ça glissait, ça bavait, c’était fascinant mais loin du réel.
Mais ça, c’était il y a 6 mois. Une éternité. Aujourd’hui, avec Veo 3 (et quelques autres), la frontière est devenue floue. Très floue. Les vidéos générées ont de vrais mouvements de caméra. La lumière tombe au bon endroit. Les visages parlent, expriment, bougent, réagissent. Il y a du rythme. De l’intention. Et là où ça devient encore plus dingue : le son est juste. Pas un bruitage générique plaqué au hasard. Non : la pluie tombe selon le décor, le vent souffle au bon endroit, les voix sont synchronisées avec les lèvres. Et ces voix-là ne sont pas celles d’un robot. Ce sont des voix humaines timbrées, nuancées, pleines d’émotion.
Alors oui, les pros de l’image, les artistes VFX, les geeks de la 3D arrivent encore à repérer les petites incohérences. Mais le public lambda ? De moins en moins. Et dans 6 mois ? Peut-être que même les experts ne sauront plus distinguer le vrai du faux.
Quand l’IA devient trop bonne
Le plus gros problème avec une IA qui crée des vidéos parfaites, c’est qu’on peut lui faire dire n’importe quoi. Tu veux un faux discours politique avec fond d’ONU, musiques solennelles, applaudissements, et un président qui dit exactement ce que tu veux ? Facile. Tu veux faire dire à une star qu’elle soutient une marque, ou insulter quelqu’un ? Deux clics. Et c’est que le début.
Les deepfakes qu’on a connus étaient déjà perturbants. Mais là, on passe dans une nouvelle dimension :
- vidéos ultra-réalistes sans acteur réel,
- voix clonées à l’identique,
- intonations maîtrisées,
- effets visuels pros.
Imagine ce que peut en faire un pirate, un gouvernement autoritaire, un escroc, ou même un simple troll sur Internet. Vols de données, arnaques sentimentales, manipulation électorale, faux témoignages, propagande militaire… Tout ça, désormais, peut être fabriqué à la chaîne, en haute définition, avec un réalisme si convaincant que même tes proches pourraient y croire. Et ce qui est effrayant, ce n’est pas que ça devienne possible. C’est que c’est déjà possible.
On regarde encore… ou on commence à flipper ?
On est en train de vivre un moment étrange. Un moment où la fiction, la création, l’art, le mensonge, le vrai, le faux, tout ça commence à se fondre dans un même flux généré par des machines, en temps réel, sans effort, sans limites. Veo 3, c’est pas juste un nouveau jouet d’IA cool. C’est une démo de ce que le futur immédiat nous réserve. Un futur où tu pourras faire un film complet avec ta voix.
Un futur où tu pourras faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Un futur où l’imaginaire n’a plus besoin de budget, d’acteurs, de caméras, ni même de temps. Mais un futur où la vérité, elle, devient une variable parmi d’autres.
Alors ouais, c’est fascinant. C’est révolutionnaire. C’est excitant comme jamais. Mais c’est aussi le début d’une grosse claque collective. Parce qu’au fond, la question ce n’est plus : « jusqu’où l’IA peut aller ? »
La vraie question, c’est :
👉 « qu’est-ce qu’on va en faire ? »
👉 « et qui va en avoir le contrôle ? »
Et là, franchement, on n’a pas encore les réponses.