Tu penses que l’enfer, c’est les autres ? Pas toujours. Parfois, l’enfer, c’est un rouge vif sur fond vert fluo, affiché en taille 72, avec une goutte d’ombre pour “faire joli”.
C’est ce genre de mariage visuel contre-nature qui fait hurler les graphistes, détourner les yeux aux passants, et provoquer une extinction de voix chez les enseignants en design.
Et pourtant, ces combos maudites rôdent encore. Partout. Sur des flyers de soirée techno en banlieue, sur des menus de food truck “authentiques”, ou pire : dans les stories Canva de ton cousin qui vient de “lancer son agence”.
Les ennemis jurés de la lisibilité
Les pires fautifs ?
- Rouge sur vert : aka le “Noël démoniaque”. Les daltoniens te détestent déjà, pas la peine d’en rajouter.
- Bleu sur rouge : c’est flou, c’est agressif, et c’est physiquement douloureux. Un combo qui donne la migraine avant même d’avoir compris le message.
- Jaune sur blanc : ou comment faire disparaître ton texte sans Photoshop.
- Violet sur bleu foncé : pour ceux qui veulent saboter leur propre affiche avec élégance.
Le point commun ? Un contraste trop faible ou trop violent, qui empêche l’œil de faire son job tranquille. Résultat : illisibilité, confusion, et un public qui clique ailleurs (ou plisse les yeux comme mamie devant un écran de contrôle de la NASA).
Mais pourquoi tant de haine ?
Souvent, ces erreurs ne viennent pas d’un goût douteux (quoique), mais d’une mauvaise compréhension de la couleur.
Quand on débute, on croit que plus c’est flashy, plus ça attire. Erreur classique. C’est comme penser qu’un mégaphone fait de toi un bon orateur : non, tu cries juste plus fort.Ce n’est pas tant la couleur qui est en cause, mais l’association, le contexte, et le contraste. Un orange fluo sur fond bleu pétrole peut être vibrant dans un clip des années 80… mais totalement catastrophique sur une carte de visite d’avocat.
Un peu de science pour briller en soirée
Ou pour ne plus ruiner ton interface web.
La théorie des contrastes simultanés (merci Chevreul, 1839) nous apprend que deux couleurs très proches ou très éloignées sur le cercle chromatique peuvent vibrer visuellement quand elles sont côte à côte.
Résultat ? Un effet de « tremblement » qui fatigue l’œil, brouille la lecture, et donne envie de fermer l’onglet.
La solution : jouer sur la valeur (luminosité) autant que sur la teinte. C’est elle qui détermine la lisibilité.
Et si tu veux vraiment t’amuser, vérifie tes couleurs en niveau de gris : si on ne distingue plus rien, c’est raté. (Et non, augmenter la taille de police ne compte pas comme “solution technique”).
Mais alors, on fait comment ?
La règle d’or ? Contraste, cohérence, contexte.
- Choisis des combinaisons testées et approuvées (noir sur blanc, blanc sur bleu marine, etc.)
- Utilise des outils comme Color Contrast Checker pour tester ton accessibilité
- Pense à ceux qui te lisent : leur confort est plus important que ton envie de “sortir des codes visuels, tu vois”
Et surtout, rappelle-toi qu’en design, la lisibilité passe avant la personnalité. Sauf si ta personnalité, c’est “illisible mais assumé”, auquel cas… bon courage.
Exceptions, transgressions, et punk attitude
Oui, certains designers jouent avec ces “couleurs interdites”.
Mais ils savent exactement ce qu’ils font : ils maîtrisent la mise en scène, le dosage, le contexte.
C’est comme porter un costume jaune fluo à un mariage : si t’es Pharrell Williams, ça passe. Sinon, tu vas finir dans les stories “tenues gênantes”.En résumé, transgresser les règles, oui, mais seulement après les avoir comprises.
Sinon, tu n’es pas un rebelle, juste un danger visuel.
Les combinaisons de couleurs affreuses ne sont pas une fatalité. Elles viennent souvent d’une envie sincère de faire bien, mais mal orientée.
Alors prends le temps d’observer, de tester, de comparer.
Et si un jour tu doutes entre deux couleurs… demande à un graphiste. Ou à ton œil gauche. Il saura te dire si ça pique.