Graphisme et censure : quand le design dérange (et pourquoi)

9 Avr 2025

Le graphiste est souvent dans cette position inconfortable : il est censé attirer l’attention… mais pas trop. Il doit choquer, mais gentiment. Faire réfléchir, mais sans froisser. En gros, il doit marcher sur un fil tendu entre engagement et diplomatie.
Son rôle est celui d’un funambule : il équilibre le message sur la corde tendue de la lisibilité, sans tomber du côté du politiquement incorrect (ou du très politiquement incorrect).

Et pourtant, c’est quand le design dérange qu’il devient vraiment puissant.
Parce qu’il ne se contente plus d’être joli : il dit quelque chose. Et c’est là que le métier prend tout son sens.


Mais il y a une autre forme de censure, plus discrète, plus insidieuse : l’autocensure. Celle qu’on applique sans qu’on nous la demande. Par peur de ne pas plaire à un client, de ne pas coller à la ligne éditoriale, ou simplement de ne pas faire de vagues.
Et là, le danger est plus grand encore : on commence à gommer les angles, à lisser les idées, à rendre tout “safe” — au point qu’on finit par créer du contenu qui ne dit plus rien. De peur de déranger, on devient transparent.

C’est un peu comme mettre un filtre sur toutes ses créations : ça passe bien partout, mais ça ne bouscule plus personne. Or, parfois, bousculer, c’est précisément ce dont le public a besoin.
Le courage graphique, c’est aussi ça : oser sortir du consensus, même à petite dose. Oui, ça peut frotter un peu. Mais c’est souvent là que naît la discussion.